Une histoire de solidarité et d’amitié
Le tremblement de terre de 1988
L’aventure de SEMRAPLUS débute en 1988 à la suite de l’épouvantable séisme qui, le 7 décembre, en l’espace de quelques secondes, a dévasté une bonne partie de l’Arménie. Un immense mouvement international de solidarité se manifeste alors. Dans ce contexte, le Docteur Jean-Pierre Bernhardt, alors médecin-chef à l’Hôpital de Porrentruy organise et dirige une mission suisse d’urgence : il s’agit de secourir et sauver les enfants souffrant d’une insuffisance rénale consécutive à leur ensevelissement sous les décombres. Pour Jean-Pierre Bernhardt et son équipe, ces quelques semaines de travail quasi ininterrompu revêtent une importance décisive. Cette rencontre avec un pays extrêmement attachant, une population incroyablement chaleureuse, des personnalités d’exception ne peut pas se limiter à une simple action ponctuelle. Très vite se forge l’idée de poursuivre la collaboration ainsi engagée et de l’élargir peu à peu à l’ensemble de la médecine pédiatrique. C’était il y a plus de trente ans et ça continue !
Une rencontre décisive entre Ara Babloyan et Jean-Pierre Bernhardt
Cette réussite doit beaucoup à l’amitié profonde et à la confiance mutuelle qui, dès le départ, se sont établies entre Jean-Pierre Bernhardt, du côté jurassien et le professeur Ara Babloyan, du côté arménien. Ce dernier est alors responsable de l’unité de néphrologie d’un hôpital inscrit dans le système de santé de l’ancienne Union soviétique, avec ses qualités mais aussi des lacunes.
Leur ténacité, leur énergie, leur entregent vont conduire à la création et au développement de ce qui est aujourd’hui l’Hôpital ARABKIR, soit un centre d’excellence et d’innovation pour tout ce concerne la pédiatrie en République d’Arménie.
La Fondation SEMRAPLUS a accompagné et encouragé cette progression spectaculaire, notamment dans les domaines suivants : rénovation, agrandissement et équipement des bâtiments ; envoi régulier de matériel et de médicaments ; démarches tendant à la diversification et à l’amélioration des prestations ; formation continue du personnel ; appuis assurant la gratuité des soins dispensés à des enfants de milieux défavorisés.
Tout cela avec un objectif fondamental : garantir aux enfants malades et/ou handicapés arméniens de toute condition un accès à des prestations de soins d’un niveau comparable à celui qui prévaut en Suisse.
Cette longue et superbe histoire d’amitié s’est achevée avec le décès de Jean-Pierre Bernhardt le 8 févriier 2021.
Bien sûr, la situation de l’Arménie a considérablement évolué depuis le cataclysme de 1988.Les besoins ne sont plus les mêmes. D’autres institutions ont rejoint SEMRA PLUS dans son soutien à Arabkir. Pour autant, la situation stratégique, économique et sociale du pays demeure précaire. Les troubles survenus au printemps 2018 attestent cette fragilité. L’action de SEMRA PLUS en faveur d’Arabkir conserve donc tout son sens et toute sa nécessité. Il s’agit non seulement de consolider ce qui a été acquis mais aussi d’ouvrir de nouveaux horizons à cette collaboration dans des domaines tels que la formation continue des personnels, la mise en place d’un dispositif de contrôle de la qualité des soins, la refonte du service des urgences.
D’une action ponctuelle de solidarité à un partenariat durable
Ainsi l’action humanitaire d’urgence menée immédiatement après le séisme de 1988 a-t-elle débouché en 1992 sur la création d’une fondation suisse intitulée d’abord SEMRA ( fondation Suisse pour les Enfants atteints de Maladies rénales en Arménie). Le PLUS est venu s’ajouter ensuite pour prendre acte du fait que le champ d’activités de la fondation ne se limitait plus à la seule néphrologie mais s’était élargi à l’ensemble de la médecine pédiatrique. La refonte des statuts menée à bien en 2015 a, sans modifier l’acronyme, « rebaptisé » la fondation qui s’appelle désormais « fondation Suisse pour les Enfants Malades en République d’Arménie ».
Cette coopération entre Arménie et Suisse est avec le temps devenue un véritable partenariat qui ne fonctionne plus « en sens unique ».Un nombre croissant d’étudiant-e-s suisses dans les domaines de la santé et du social effectuent des stages pratiques à Arabkir vivant ainsi une très riche expérience humaine et professionnelle. Par ailleurs, les stagiaires arméniens-nes accueilli-e-s régulièrement en Suisse sous l’égide de SEMRA permettent à leurs interlocuteurs-trices suisses de découvrir d’autres approches et d’autres réalités que les leurs.